DRETHRTS
-Un doigt à couper, dit le chirurgien, c’est parfait. Avec l’anesthésie, vous en avez pour six minutes tout au plus. Comme vous êtes riche, vous n’avez pas besoin de tant de doigts. Je serai ravi de vous faire cette petite opération. Je vous montrerai ensuite quelques modèles de doigts artificiels. Il y en a d’extrêmement gracieux. Un peu chers sans doute. Mais il n’est pas question naturellement deregarder à la dépense. Nous vous ferons ce qu’il y a de mieux.Plume regarda mélancoliquement son doigt et s’excusa.- Docteur, c’est l’index, vous savez, un doigt bien utile. Justement, je devais écrire encore à ma mère. Je me sers toujours de l’index pour écrire. Ma mère serait inquiète si je tardais davantage à lui écrire, je reviendrai dans quelques jours. C’est une femme très sensible, elle s’émeut facilement.- Qu’à cela ne tienne, lui dit le chirurgien, voici du papier, du papier blanc,sans en-tête naturellement. Quelques mots bien sentis de votre part lui rendront la joie.Je vais téléphoner pendant ce temps à la clinique pour qu’on prépare tout,qu’il n’y ait plus qu’à retirer les instruments aseptisés. Je reviens dans un instant…Et le voilà déjà revenu.- Tout est pour le mieux, on nous attend.- Excusez, docteur, fit Plume, vous voyez, ma main tremble, c’est plus fort que moi… eh…- Eh bien, lui dit le chirurgien, vous avez raison, mieux vaut ne pas écrire.Les femmes sont terriblement fines, les mères surtout. Elles voient partout des réticences quand il s’agit de leur fils, et d’un rien, font un monde. Pour elles, nous ne sommes que de petits enfants. Voici votre canne et votre chapeau. L’auto nous attend.Et ils arrivent dans la salle d’opération.- Docteur, écoutez. Vraiment…- Oh ! fit le chirurgien, ne vous inquiétez pas, vous avez trop de scrupules. Nous écrirons cette lettre ensemble. Je vais y réfléchir tout