Dracula
[Un paragraphe argumentatif complet – Partie I du développement] Les écrivains romantiques accordent une très grande importance au « moi ». Les allusions à l’état particulier dans lequel se trouvent les personnages du récit sont par conséquent nombreuses. Le repli sur soi – conduite qu’adoptent volontiers les personnages de Pauline - explore les hallucinations, la perception de ce qui n’existe pas, le rêve aussi. Ces éléments sont d’ailleurs indissociables de la solitude qui joue également un rôle fondamental dans l’œuvre. De ce fait, lorsque Pauline est sauvée par Alfred de Nerval, tout ce qu’elle a vécu, tous ses sentiments se mêlent, et elle commence à sombrer dans la mélancolie. L’héroïne est pour ainsi dire dépassée par les événements et ne parvient plus à décrire ses émotions : « Je sens dans mon esprit une confusion qui ressemble à de la folie. » (p. 70). Tout ce qu’elle a vécu la rend malade, elle est comme aliénée. La démence désigne un état où la raison et le bon sens disparaissent : la personne qui en est la victime ne maîtrise plus ses faits et gestes. Tout se mélange en lui. D’autre part, la peur, lorsque l’on est seul, peut parfois nous faire voir des « choses ». Lorsque Pauline déjeune seule dans le château vide de son époux en Normandie, la nuit, avec un tueur qui rôde autour d’elle, l’angoisse qui s’empare d’elle développe son imagination : « Lorsque je me trouvai seule dans la grande salle à manger, ma terreur s’augmenta : il me sembla voir s’agiter les rideaux blancs […] devant la fenêtre » (p. 140). Pauline croit avoir aperçu les rideaux bouger lentement. Elle prononce le terme « sembler », ce qui signifie que la peur qui la dévore peut exercer une influence sur la perception qu’elle a des événements. Parfois, les événements sont si invraisemblables que l’on s’imagine se trouver hors de la réalité. Ainsi, après avoir observé trois hommes transporter le corps d’un individu à