Le désert reste un endroit très mystérieux. Le jour, seules une chaleur étouffante et des dunes paresseuses règnent. Une brise reste un espoir qui ne viendra jamais alors que la piqûre du scorpion guette, tapie sous une pierre. La nuit, tout s'agite tandis qu'un froid mordant nous envahit. Les animaux, endormis la journée, se réveillent, s'agitent, partent en chasse. Le fennec croque les insectes dont les pattes dessinent des guirlandes sur le sable refroidi. Les chacals se battent pour une charogne. Selon Flaubert, "Nous sommes tous dans un désert. Personne ne comprend personne."

La compréhension de l'autre a toujours été un art difficile. Elle suppose un réel intérêt pour l'autre, une capacité de communication et une aptitude à suivre le raisonnement d'autrui en même temps que sa création. Il faut lui porter attention et prendre le temps de l'écouter. Or, dans nos sociétés, on entend trop souvent "Je n'ai pas le temps, une autre fois !". Je pense que c'est parce qu'on ne veut pas avoir le temps, qu'on juge toujours qu'il y aura quelque chose de plus intéressant à faire. Mais qu'est ce qui est réellement plus intéressant que les interactions avec une personne ? Que peut-on trouver de plus passionnant, de plus enrichissant ?

Certains demanderont : "Quand prendre le temps alors ?" Nous partons dès le début sur de mauvaises bases avec cette expression. Prendre le temps ne servira à pas grand chose, car les moments gagnés le seront au détriment d'autres. Se donner le temps est bien plus juste et positif. Donner est un magnifique verbe mais notre société en a perdu la conjuguaison. Nous prenons, nous consommons, nous sommes égoïstes dans notre petite bulle, sans s'occuper des autres. Platon disait très justement : "Donne et tu recevras". Comme dans le désert de Flaubert, nous sommes tous ensemble, mais nous nous croisons sans nous prêter attention. Un exemple flagrant prend place dans des mégapoles, comme Tokyo. Les gens marchent, absorbés dans leurs pensées,