Dissertation madame baptiste
À son tour s’avança le chef de musique du bourg de Mormillon. La troupe n’avait qu’une médaille de deuxième classe. On ne peut pas en donner de première classe à tout le monde, n’est-ce pas ?
Quand le secrétaire particulier lui remit son emblème, voilà que cet homme le lui jette à la figure en criant :
« Tu peux la garder pour Baptiste, ta médaille. Tu lui en dois, même une de première classe aussi bien qu’à moi. »
Il y avait là un tas de peuple qui se mit à rire. Le peuple n’est pas charitable ni délicat, et tous les yeux se sont tournés vers cette pauvre dame.
Oh, monsieur, avez-vous jamais vu une femme devenir folle ?
– Non.
– Eh bien, nous avons assisté à ce spectacle-là ! Elle se leva et retomba sur son siège trois fois de suite, comme si elle eût voulu se sauver et compris qu’elle ne pourrait traverser toute cette foule qui l’entourait.
Une voix, quelque part, dans le public, cria encore :
« Ohé, madame Baptiste ! » Alors une grande rumeur eut lieu, faite de gaietés et d’indignations.
C’était une houle, un tumulte ; toutes les têtes remuaient. On se répétait le mot ; on se haussait pour voir la figure que faisait cette malheureuse ; des maris enlevaient leurs femmes dans leurs bras afin de la leur montrer ; des gens demandaient : « Laquelle, celle en bleu ? » Les gamins poussaient des cris de coq ; de grands rires éclataient de place en place.
Elle ne remuait plus, éperdue, sur son fauteuil d’apparat, comme si elle eût été placée en montre pour l’assemblée. Elle ne pouvait ni disparaître, ni bouger, ni dissimuler son visage. Ses paupières clignotaient précipitamment comme si une grande lumière lui eût brûlé les yeux ; et elle soufflait à la façon d’un cheval qui monte une côte.
Ça fendait le cœur de la