Métaphysique des tubes
INCIPIT ET TITRE
« Au commencement il n’y avait rien. Et ce rien n’était ni vide ni vague : il n’appelait rien d’autre que lui-même. Et Dieu vit que cela était bon. Pour rien au monde il n’eût créé quoi que ce fût. Le rien faisait mieux que lui convenir : il le comblait.
Dieu avait les yeux perpétuellement ouverts et fixes. S’ils avaient été fermés cela n’eût rien changé. (...)
Dieu était l’absolue satisfaction. Il ne voulait rien, n’attendait rien, ne percevait rien, ne refusait rien et ne s’intéressait à rien. (...) Dieu ne vivait pas, il existait. »
Grâce à cette référence à la Genèse, Amélie Nothomb nous démontre qu’à cette époque de sa vie elle se compare à un dieu car un dieu existe mais ne vit pas d’où le mot Métaphysique dans son titre.
« Les seules occupations de Dieu étaient la déglutition, la digestion et, par conséquence directe, l’excrétion. Ces activités végétatives passaient par le corps de Dieu sans qu’il s’en aperçoive. (...)
C’est pourquoi à ce stade de son développement, nous appellerons Dieu le tube. Il y a une métaphysique des tubes. »
Ici Nothomb finit d’expliquer son titre en prouvant que à ce moment-ci elle demeurait un tube.
FAIT MARQUANT 1 ET PACTE
« A l’âge de deux ans, j’étais sortie de ma torpeur, pour découvrir, pour découvrir que la vie était une vallée de larmes ou l’on mangeait des carottes bouillies avec du jambon. J’avais dû avoir le sentiment de m’être fait avoir. A quoi bon naître si c’est pour ne pas connaître le plaisir ? (...)
La grand-mère m’avait rempli la bouche de sucre : soudain, l’animal furieux avait appris qu’il y avait une justification à tant d’ennui, que le corps et l’esprit servaient à exulter et qu’il ne fallait donc pas en vouloir ni à l’univers entier nia soi-même d’être là. Le plaisir profita de l’occasion pour nommer son instrument : il l’appela moi – et c’est un nom que j’ai conservé. »
Amélie sort ici de sa torpeur grâce au plaisir provoqué par le