Derborence
Il est trop petit pour qu’on le voie, quand même tout à coup les roches s’éveillent, il semble qu’elles commencent à sécher, elles s’éclaircissent, elles ressuscitent pour un instant ; et c’est que par-dessus l’arrête le soleil, basculant soudain, est venu sur elles ; mais lui n’est pas plus gros qu’une fourmi au pied de ces entassements.
Il n’en levait pas moins la pioche ; ensuite il empoignait la pelle, cherchant celui qui n’était plus, et c’est le pauvre Séraphin.
Il n’avait plus bien sa tête, c’est pourquoi il levait sa pioche dans le soleil ; puis, se baissant, empoignait par le manche la pelle plate, creusant une tranchée à peine marquée d’ailleurs encore dans les débris de schistes noirs, tout emmêlés de cailloux, contre lesquels le fer de l’outil heurtait parfois, faisant un bruit clair.
Elle, elle n’a pas eu qu’à écouter d’où venait le son, bien que d’abord toute perdue dans les étroits passages que les plus gros des blocs laissaient entre eux sur leur devant, plus compliqués encore et plus enchevêtrés que les ruelles d’un village ; car où est-ce qu’on est maintenant ? où est-ce qu’il faut aller ? dans quelle direction ? à peine si elle voyait un peu de ciel comme un écheveau bleu à moitié dénoué au-dessus d’elle ; où est le sud ? où est le nord ? – toute perdue ainsi d’abord, puis le bruit du fer frappant une matière dure et sonore est venue jusqu’à elle, lui disant : « C’est ici. »
Il lève sa pioche et l’abat ; il vous parle à distance.
Elle s’arrête ; elle n’a qu’à écouter d’où vient le son, elle repart. Elle contourne encore ce quartier de roc et cet autre ; puis les quartiers deviennent plus petits, plus serrés, en même temps qu’ils se superposent, faisant comme des marches d’escaliers où elle grimpe, - dans ces déserts où jamais une femme n’aurait osé s’engager seule, mais elle n’était pas seule, parce qu’il y a l’amour et l’amour l’accompagne et l’amour la pousse en avant.
Il lève sa pioche des deux mains, ayant ôté sa