David cameron et les rebelles
LE MONDE | 31.08.2013 à 09h17 • Mis à jour le 31.08.2013 à 09h23 |Par Eric Albert (Londres, correspondance)
Depuis trois mois, David Cameron allait mieux. Les remous au sein de son camp pour sortir de l'Union européenne s'étaient calmés ; l'économie semblait enfin sortie de la récession ; les conservateurs étaient nettement remontés dans les sondages, n'ayant plus que cinq ou six points de retard sur les travaillistes, contre une dizaine début 2013.
Sa défaite cinglante, jeudi 29 août, à la Chambre des communes, risque de freiner cet élan. A une majorité de treize voix, les députés ont bloqué le projet de frappes aériennes en Syrie. Sans grande surprise, les travaillistes ont voté contre la motion du gouvernement. Mais la majorité a basculé à cause de la rébellion de trente conservateurs et neuf libéraux-démocrates."David Cameron a détruit d'un coup le gain de ces derniers mois", estime Tim Bale, politologue à Queen Mary University. "Il a mis un but contre son camp", s'étonne Philip Norton, politologue et conservateur qui siège à la Chambre des lords.
Les conséquences du vote sont avant tout diplomatiques. Mais les répercussions politiques sont également lourdes. Jamais depuis le XIXe siècle, un premier ministre n'avait perdu un vote sur une question de guerre ou de paix. Pour M. Cameron, il s'agit d'une "humiliation", le mot qui est revenu le plus souvent dans la presse britannique.
Sa défaite s'explique en grande partie par le fantôme de la guerre en Irak, qui hante le parlement britannique. Mais elle renforce aussi l'impression que le premier ministre a perdu le contrôle de son propre parti. Les "whips", ces ministres chargés de faire respecter les consignes de vote, n'ont rien vu venir. "Cela ressemble à de l'incompétence", estime M. Bale. L'erreur souligne à quel point le leader des conservateurs est déconnecté de ses troupes. "Les députés de base ne l'aiment pas, note Tony Travers, de la