Danse buto
Le mouvement appelé Butô est né au Japon dans le contexte des bombardements d’Hiroshima. Souvent portée par un esprit de contestation ou un désir de renouveau, la danse Butô a jailli de ces corps meurtris dans leur âme et dans leur chair. Ainsi, Kazuo Ohno s’est autorisé à danser ce que les corps n’osaient montrer. Mais cette danse, qui est l’essence du mouvement de vie, est présente depuis toujours chez l’homme en tous lieux : elle est atemporelle et universelle.
Françoise Jasmin déplore l’existence d’un a priori récurant selon lequel le Butô, parfois appelé la « Danse des Ténèbres », n’en réfère qu’à la souffrance. Nous n’avons pas besoin de la feindre, elle est inhérente à la vie. Le Butô d’origine est issu d’une vraie douleur exprimée mais pas recherchée. Il se s’agit pas tellement d’évolution de la danse, mais plutôt d’état d’esprit. Hijikata a porté beaucoup de souffrance et de colère. Il a certainement souhaité une prise de conscience. Kazuo Ohno au contraire a beaucoup poétisé la souffrance. Nous ne recherchons pas d’état émotionnel. Il existe une relation de respect entre le danseur et le public, qu’il ne faut pas bafouer sous prétexte d’art.
Le Butô empruntant une démarche authentique et détachée des clichés fait avant tout écho au vécu de chacun. Le parcours de vie fait prendre conscience de la nécessité de retrouver le sens du réel, le rapport authentique à nous-même, à notre corps, à ceux qui nous entourent et au monde.
En général, lorsque nous avons un talent qu’on ne peut ou qu’on n’ose pas revendiquer, nous avons tendance à le légitimer par l’extérieur : par un diplôme, un titre, une fonction… Nous essayons d’inverser ce processus dans le Butô : révéler son talent tranquillement, de l’intérieur.
Le Butô fait alors éclore ce qui est enfoui en nous : le bon sens, la maturité, « el duende », la particularité et l’universalité de chacun. Dans ce sens, le Butô peut être désigné comme une « danse de l’ombre », c’est-à-dire une danse de