Critique de film chat du rabbin
Avec l'humour et l'œil décapant de Joann Sfar, c'est façon transcendante du temps linéaire et progressif de la vérité religieuse qui est mis à mal, c'est toute une théorie de l'histoire des religions qui vole en éclat.
Le film s’est ainsi recentré sur la question du vivre ensemble. Le chat fait tout à la fois au péremptoire religieux (Juifs, Musulmans, Chrétiens.) et au racisme de la société coloniale.
Joann Sfar parvient à éviter l’angélisme, montrant la violence (les scènes de pogroms, mises en scène à la façon d’un Tex Avery) et l’absurdité babélienne d’un monde où il ne suffit pas de parler la même langue dans le manichéisme : la bêtise est la chose la mieux partagée par chacun des personnages, quelle que soit sa communauté ou sa religion, y compris le rabbin lui-même. La figure du prince du désert, image de l’instrumentalisation politique du religieux, y est contrebalancée par le personnage du Cheik Sfar, incarnation de l’Islam éclairé.
Surtout, il tempère cette ironie voltairienne par une tendresse constante pour ses personnages. Il n’est pas étonnant que la figure la plus innocente et positive soit celle du peintre : lui dessine « d’après nature », sans méthode ni préjugés, et chaque trait est un acte d’amour, comme le répète souvent Joann Sfar pour lui-même.
Le chat du rabbin est heureux, constamment cajolé par la fille du rabbin, Zlabya. Puis, en mangeant le perroquet il va acquérir la parole, mais également le mensonge. Faisant découvrir au lecteur bien des choses sur l’usage de la parole, il finira par conclure que "Ça vaut le coup de fermer sa gueule pour être heureux".
En tant que chat juif, et maintenant qu’il sait parler, il exprime son désir d’apprendre les textes saints et de passer sa bar-mitsva. Loin d’une leçon sur la Torah, le chat du rabbin va prendre un malin plaisir à titiller la culture juive de façon aiguisée et espiègle. Cette réflexion sur la religion et la société juive de la part d’un chat