Corpus, diderot, maupassant, perec, toussaint
1. Le soir de ma cinquantième année, je suis descendu dans la cave pour aller chercher une autre bouteille de champagne. Ma femme, mes deux enfants et leurs conjoints, quelques amis aussi attendaient qu'on découpe le gâteau acheté chez le « meilleur pâtissier » comme d'habitude, que j'ouvre les cadeaux, somptueux à n'en pas douter. Mais qu'avaient-ils pu trouver de nouveau pour m'épater ? J'avais déjà tout ! Je suis resté là planté à me demander à quoi tout ça rimait. J'ai fini par reposer la bouteille dans le casier et je suis resté assis par terre, la tête dans les mains… J'entendais la musique, là-haut, les appels des enfants : « Alors, papa tu le bois tout seul, ce champagne ? » Ma femme, Anne, est venue me chercher, je lui ai seulement dit que je ne voulais plus, que ça suffisait… que j'allais rester dans la cave, dans le noir, tout seul, que cela me ferait du bien…
2. Et ils sont tous venus, à tour de rôle, passer une tête incrédule par la porte entrebâillée, m'encourageant à les rejoindre, d'un mot, d'un geste… le défilé m'a amusé, c'est tout.
3. J'ai passé la nuit couché par terre, sur quelques sacs de toile qui avaient encore l'odeur des pommes qu'ils avaient contenues. C'était la nuit de la Saint-Jean, j'apercevais le ciel étoilé à travers la lucarne ; il faisait déjà chaud, un nouvel été allait commencer, mais je resterais à l'ombre, dans ma cave. Diogène avait bien vécu dans un tonneau, ma cave, c'était le grand luxe à côté ! Cette nuit, j'ai décidé que c'était là que je vivrais désormais. Ce serait mon tonneau, ma grotte.
4. Le lendemain, j'ai quelque peu aménagé l'espace resté vide : je serais très bien dans le lit pliant oublié là. Une planche posée sur des tréteaux me servirait de table, j'ai trouvé une chaise. Je suis allé chercher là-haut des draps, une couverture, un réchaud à gaz et un peu de vaisselle. Pas question de continuer à manger les bons petits plats qu'Hélène, notre cuisinière, préparait. Il fallait