Eugène Ionesco, auteur français et roumain du 20eme siècle, appartient au mouvement du Théâtre de l’absurde. Il s’agit d’un courant qui cherche à exprimer le non-sens de l’existence grâce à l’absurde. Les auteurs par leurs pièces sans réels canevas et intrigue, sans style discursif et dialogues cohérents, cherchent à montrer l’absurdité de l’existence. Rhinocéros, écrit en 1960, est une des pièces les plus connues de l’auteur. Dans cet extrait, on assiste à un dialogue entre les deux personnages principaux: Bérenger qui est apparemment faible, négligé et Jean, qui lui est sûr de lui et soigné. A ce dialogue s’ajoute en parallèle une discussion entre un vieux monsieur et un logicien. Ce logicien, par son nom, annonce déjà l’importance du thème de la logique dans cet extrait argumentatif et comique. Ces dialogues répétitifs et incohérents, n’ont-ils pas d’autre but que montrer la faillite du langage ? Après avoir étudié l’évolution du dialogue entre Béranger et Jean, nous remarquerons le lien qui les unit avec le vieux monsieur et le logicien et enfin nous verrons comment le thème de la logique est traité.
Pour mieux décrire l’évolution du dialogue entre Béranger et Jean nous distinguerons deux parties : une première où Béranger semble abattu et où Jean l’encourage, puis une seconde où Béranger enthousiaste découvre l’hypocrisie de son ami. Dès le début, le spectateur se rend compte du mal-être existentiel de Bérenger: « J’ai à peine la force de vivre. » et de son découragement: « je n’en ai plus envie ». On remarque que son mal est profond, c’est un mal de vivre : « C’est une chose anormale de vivre ». Il semble fatigué et ses répliques sont courtes, « Je me demande moi-même si j’existe ! », par sa morosité il est détaché du monde. On trouve même un alexandrin : « la solitude me pèse, la société aussi ». Pourquoi à ce moment là ? Cette alexandrin insiste sur l’humeur mélancolique et presque poétique de Bérenger. En plus d’être abattu, il se pose des questions