bonheur
1 Art, savoir-faire et beaux-arts
L’art comme manifestation de la beauté
Lorsque Bacon définit l’art comme « l’homme ajouté à la nature », il désigne encore ce qu’évoquent le latin ars et le grec technè : tout savoir-faire produisant un objet, satisfaisant de quelque manière que ce soit. À partir du XVIe siècle, peintres et architectes revendiquent le nom d’artistes, pour se distinguer des artisans qui ne décident pas librement de leurs productions : l’artiste est alors celui qui s’adonne à l’un des beaux-arts, ou arts exclusivement orientés vers la manifestation de la beauté.
Mais comment définir la beauté ?
La beauté est pourtant difficile à définir. Sa conception change historiquement et culturellement : si La Joconde est « belle », ce n’est sans doute pas suivant les mêmes critères qu’un masque africain ou une toile de Picasso. Se pose de surcroît la question de son origine : l’artiste en est-il l’inventeur ? S’inspire-t-il au contraire de la nature ? Ou d’une idée de la perfection que pourrait atteindre la nature ?
Les beaux-arts présentent aussi une évolution – qui dépend des connaissances scientifiques ou techniques et des conceptions politiques ou morales : l’art du portrait n’obéit pas aux mêmes règles pour Clouet, Ingres ou Van Gogh. Il est dès lors difficile de mettre au point une définition éternelle de la beauté.
2 L’invention et la satisfaction artistiques
L’invention de l’artiste
Contrairement à ce qu’affirme volontiers l’opinion, l’invention de l’artiste ne se ramène jamais – Hegel l’a fortement souligné – à une simple imitation de la nature. La peinture des vases grecs ou les innombrables Crucifixions de la peinture classique ne sont pas « réalistes », et la plupart des paysages antérieurs à l’impressionnisme sont inventés dans les ateliers. On voit mal par ailleurs ce qu’imiteraient l’architecture ou la musique.
Non soumis à un « modèle », l’artiste élabore une œuvre qui donne, selon les termes de Kant,« l’impression d’une