Review: ‘L’ Anatomie de Samuel Beckett’ de Peter Ehrhard (Basle, Birkhäuser Verlag, 1977. SwFr. 30) Marie Claude Hubert C’est une lecture du corps beckettien que Peter Ehrhard nous propose dans sa belle Anatomie de Samuel Beckett. Voici un ouvrage qui vient combler une lacune sérieuse, En effet, les travaux consacrés à Beckett jusqu’à présent mettaient l’accent sur la dimension métaphysique de l’œuvre, sur la vision du monde de l’écrivain ou sur la destructuration systématique du langage qui caractérise l’écriture beckettienne. Mais ils se sont peu attachés à l’examen du corps, ce corps qui hante l’œuvre de Beckett comme une obsession, comme un vieux rituel dont on a perdu le sens, corps malade, vieilli, délabré, infirme et mutilé. Le corps parle à tout instant chez Beckett, crie sa souffrance et son existence de larve infecte et hideuse et c’est cet étrange discours fait de gémissements, de plaintes et de résignation, parsemé d’invectives perverses et scatologiques, que Peter Ehrhard a voulu écouter.
Mais on peut regretter dans ce travail l’absence de conclusions, de perspectives synthétiques qui viennent faire le point après la description systématique de chacune des tares et en découvrir les significations profondes. En effet, le corps dont parle Beckett n’est jamais le corps réel, le corps biologique, c’est un corps imaginaire et fantasmé. Ehrhard tombe dans un piège en prenant les mots beckettiens au pied de la lettre, en jetant un regard trop médical sur cet univers, au lieu d’y apercevoir, à travers les descriptions cliniques, un espace corporel étrange et inquiétant. En outre, cette déchéance