Après la crise le risque systémique subsiste
Georges Pauget, président honoraire du Crédit lyonnais (LCL)
La crise financière a causé de profonds dégâts : pour la seule Europe, le produit intérieur brut (PIB) a baissé de cinq points et le chômage est remonté à 10 %. Les Etats, déjà endettés pour nombre d'entre eux, ont soutenu leurs banques et accru de ce fait (à l'exception notable de la France) leur déficit public. Mais aucun de ces Etats ne serait en mesure de faire face, à un horizon de quatre à cinq ans, à une nouvelle crise financière. La maîtrise de la stabilité financière revêt donc un caractère impératif. C'est l'une des missions des banques centrales et elles s'y emploient au travers du Comité de Bâle et du Conseil de stabilité financière. Mais les Etats et l'Europe, c'est-à-dire le conseil des ministres, la Commission et le Parlement, sont aussi concernés. On assiste donc à une multiplication d'initiatives, assez mal coordonnées, comme l'a souligné à plusieurs reprises le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, visant à redéfinir l'ensemble du système de régulation pour, au final, mieux maîtriser le risque systémique. Cette ardeur régulatrice a, en outre, la caractéristique de s'aventurer dans des domaines encore insuffisamment explorés de la finance. Il ne s'agit pas d'adopter une posture conservatrice mais d'agir avec prudence pour éviter que l'on intervienne de façon inappropriée dans le financement de l'économie. La crise est la matérialisation d'un risque systémique. Cela signifie qu'elle touche l'ensemble du système financier et que l'impact sur l'économie réelle est significatif. Le risque systémique se développe lorsqu'il rencontre un terrain favorable constitué par un excès de liquidité ; des taux d'intérêt bas sur longue période qui créent une sous-évaluation du risque, et une régulation peu ou mal coordonnée. Ce risque ne va pas disparaître comme par enchantement. Il y aura toujours des