Analyse La 25eme Heure
LA VINGT CINQUIÈME HEURE
(1949)
DE
VIRGIL GHEORGHIU
I. INTRODUCTION
Publié en 1949, par l'écrivain d'origine roumaine Virgil Gheorghiu, la Vingt-Cinquième heure est l'un des romans les plus originaux portant sur le thème de la Seconde Guerre Mondiale, non seulement parce qu'il aborde la guerre du point de vue de ressortissants roumains, ballottés entre le front soviétique et le front des Alliés pour échapper au nazisme, mais aussi car cette guerre est l'occasion, pour l'auteur, de définir une certaine vision de l'homme moderne : selon les personnages principaux du roman, à l'instar de Traian Koruga, l'homme disparaît, écrasé par la société technique.
II. UN ROMAN NARRATIVEMENT AUDACIEUX
La narration est un élément important dans toute analyse de la Vingt-Cinquième heure, car ses particularités la distinguent d'autres romans sur le thème de la Seconde Guerre Mondiale, ou de la vie dans les camps de concentration.
1. Un narrateur traditionnel...
Le premier type de narration est celui d'un narrateur omniscient, qui suit les personnages au cours de leurs évolutions, dans leurs trajets d'un coin à l'autre de l'Europe, dans leurs instants de liberté et dans leurs instants d'emprisonnement.
Cette narration omnisciente a la spécificité de permettre au lecteur d'accéder aux pensées des personnages, ce qui est le point-clé du roman : en effet, la vie quotidienne des camps n'est pas décrite, elle est évoquée (pensons notamment à l'évocation de l'arrivée des prostituées dans les usines de service de travail obligatoire, ou à la description du dortoir des femmes du point de vue d'Eleonora West).
Car les événements principaux du roman sont bien l'évolution psychologique des personnages : comment Iohann Moritz sera détruit, en tant qu'individu, par la machine administrative, alors même qu'il semble survivre ; et comment Traian Koruga, lui, s'il mourra dans les camps, aura pourtant pu regagner sa liberté, car il a pu penser les caractéristiques
ontologiques