Un Marais Au Crepuscule

foule en délire conduite Par ceux qui cette nuit marchèrent à ta suite… CYRANO, épouvanté. Tu ne leur as pas dit où je me trouve ?… LE BRET, se frottant les mains. Si ! – 134 – UN BOURGEOIS, entrant suivi d’un groupe. Monsieur, tout le Marais se fait porter ici ! (Au dehors la rue s’est remplie de monde. Des chaises à porteurs, des carrosses s’arrêtent.) LE BRET, bas, souriant, à Cyrano. Et Roxane ? CYRANO, vivement. Tais-toi ! LA FOULE, criant dehors. Cyrano !… (Une cohue se précipite

dernier  (et  le  grand  voyage),  mais  bien  le  premier.  Le  cercueil,  associé  à  ce  quʹil  appelle  ʺcomplexe de Charonʺ, ne serait pas la dernière  barque.  Il  serait  la  première  barque.  Et  peut‐être  sommes‐nous à lʹaube, et non au crépuscule.     Les  Iles  nʹont  pas  toujours  été  Iles  de  Jouvence  ou  dʹUtopie,  Iles  Fortunées  ou  Marquises,  ou  Iles  de  robinsonnades.  Lʹu‐topia  insulaire  est  rarement  eu‐topia.  Dans  les  récits  dʹaventures, Iles au trésor ou Iles mystérieuses

les serpents, remuant les bruyères, qui leur font trembler la peau, grincer des dents ; contre leurs propres aboiements, qui leur font peur à eux-mêmes ; contre les crapauds, qu’ils broient d’un coup sec de mâchoire (pourquoi se sont-ils éloignés du marais ?) ; contre les arbres, dont les feuilles, mollement bercées, sont autant de mystères qu’ils 7 ne comprennent pas, qu’ils veulent découvrir avec leurs yeux fixes, intelligents ; contre les araignées, suspendues entre leurs longues pattes, qui

avait devant lui deux peintres prodigieux. Robert Campin tenait un atelier considérable d’où étaient issus des artistes aux qualités indiscutables, parmi lesquels… Rogier. Sa renommée n’avait fait que s’étendre, et même si aujourd’hui il était au crépuscule de sa vie, il 188/649 n’en demeurait pas moins une référence pour nombre de jeunes artistes. Quant à Rogier, malgré son jeune âge, il était déjà célèbre, riche et comblé, bien plus que Campin. Dans le doute, il jugea préférable de changer de

n’avait eu l’audace de lui adresser la parole. Sandoz nourrissait des rêves, des dames rencontrées en voyage, des filles très belles qui surgiraient dans un bois inconnu, qui se livreraient tout un jour, puis qui se dissiperaient comme des ombres, au crépuscule. Leur seule aventure galante les égayait encore, tant elle leur semblait sotte : des sérénades données à deux petites demoiselles, du temps où ils faisaient partie de la musique du collège ; des nuits passées sous une fenêtre, à jouer de la clarinette

demi-heure ? dit-il en secouant les blancs flocons qui couvraient ses vêtements. Je me demande pourquoi vous avez choisi le fort d’une tourmente de neige pour venir vous promener jusqu’ici. Savez-vous que vous courez le risque de vous perdre dans les marais ? Des gens familiers avec ces landes s’égarent souvent par de pareilles soirées ; et je puis vous annoncer qu’il n’y a aucun espoir de changement pour le moment. – Je pourrais peut-être trouver parmi vos valets de ferme un guide, qui resterait à la

n’avait eu l’audace de lui adresser la parole. Sandoz nourrissait des rêves, des dames rencontrées en voyage, des filles très belles qui surgiraient dans un bois inconnu, qui se livreraient tout un jour, puis qui se dissiperaient comme des ombres, au crépuscule. Leur seule aventure galante les égayait encore, tant elle leur semblait sotte : des sérénades données à deux petites demoiselles, du temps où ils faisaient partie de la musique du collège ; des nuits passées sous une fenêtre, à jouer de la clarinette

l’audace de lui adresser la parole. Sandoz nourrissait des rêves, des dames rencontrées en voyage, des filles très belles qui surgiraient dans un bois inconnu, qui se livreraient tout un jour, puis qui se dissiperaient comme des ombres, au crépuscule. Leur seule aventure galante les égayait encore, tant elle leur semblait sotte : des sérénades données à deux petites demoiselles, du temps où ils faisaient partie de la musique du collège ; des nuits passées sous une fenêtre, à jouer de la

nous sera de constater que cette présence reste très discrète et assez ponctuelle, que le silence, le vide et sa hantise gomment peu à peu les contours mêmes du roman. Nombre d’éléments nous pousseront, en outre, à assimiler Une vie à un « roman du crépuscule », un roman sans relief, sans événement notable - ce qui ne veut pas dire sans événement tout court -, dans lequel presque rien ne se passe. Nous disposons, en somme, d’une tranche de vie pas bien épaisse, très ordinaire et qui a vite fait de s’émietter

l’agricul ture même, plus précisément avec la culture du millet, puis du riz. Les siècles inconnus de la préhistoire furent consacrés à l’in cendie et au défrichement de la brousse qui couvrait les plateaux de lœss au nord-ouest, à l’assèchement des marais qui couvraient au nord-est la majeure partie de la Grande Plaine. Les vieilles chansons du Che king célèbrent ce labeur. « Ah ! ils désherbent, ah ! ils défrichent ! Leurs charrues ouvrent le sol. Des milliers de couples dessouchent, les uns dans