En Quoi Phèdre Est Elle Innocente

sans coupures dans le foisonnement de ses nombreux tableaux, voici de quoi réjouir les sincères amis de l'art. Il n'est point vrai que le public ait une préférence pour les spectacles brefs, coupés de longs entr'actes et d'un contenu scénique mièvre ou médiocre, ou niaisement extravagant.. L'univers s'est agrandi autour de nous, l'espace connaissable s'est élargi. Si les passions des hommes sont les mêmes, le décor, au milieu de quoi ils évoluent, s'est amplifié, diversifié, prolongé, et les témoins

1995. M. Fumaroli : « De Médée à Phèdre, naissance et mise à mort de la tragédie cornélienne », in Héros et orateurs, Rhétorique et dramaturgie cornélienne, Paris, Droz, 1990, p. 504. II. 2. v. 453-54. A. Stegmann, « La Médée de Corneille », in Les Tragédies de Sénèque et le théâtre de la Renaissance, Paris, éd. CNRS, 1963, p. 116. II. 2. v. 473. 14 15 16 17 193 Revue d’Études Françaises No 7 (2002) Je suis coupable ailleurs mais innocente ici18. Médée essaie à plusieurs

pouvant, par miracle, s’épouser. Cette tendance romanesque, qui plut au public du temps, nuit aujourd'hui à la crédibilité de la pièce. - Une œuvre édifiante. Dès le début de la pièce, la nouvelle de la mort de Mithridate libère un amour innocent et antérieur à celui du roi. On assiste ensuite à l'écrasement du couple d'amoureux, mais on constate que leur conscience scrupuleusement exigeante leur impose un curieux sentiment de culpabilité. Surtout, au terme de rudes épreuves, la perspective

clairons, Ô buveuse de sang, qui, farouche, flétrie, Hideuse, entraîne l’homme en cette ivrognerie, Nuée où le destin se déforme, où Dieu fuit, Où flotte une clarté plus noire que la nuit, Folle immense, de vent et de foudres armée, A quoi sers-tu, géante, à quoi sers-tu, fumée, Si tes écroulements reconstruisent le mal, Si pour le bestial tu chasses l’animal, Si tu ne sais, dans l’ombre où ton hasard se vautre, Défaire un empereur que pour en faire un autre ? Victor Hugo La Dévastation du

* Texte 6 Lettre 161, des liaisons dangereuses, C. de Laclos. Texte Narratif Registre tragique, lyrique et pathétique Tourvel -> destinataires multiples. I. L’expression de la folie et de la douleur -> mort a. La victime innocente paie le prix de l’amour bafoué - Derniere lettre de la Présidente : lettre non adressée. « ne s’adresse a personne pour s’adresser a trop de monde. » - Dépourvue de visée : folie, passion coupable, remords.. -> Chatiment divin. • Apostrophe

(1622-1673), L'École des femmes, acte V, scène 4, extrait (1662) • Texte B. MOLIÈRE (1622-1673), Le Misanthrope, acte II, scène 1, extrait (1666) • Texte C. RACINE (1639-1699), Bérénice, acte IV, scène 5, extrait (1670) • Texte D. RACINE (1639-1699), Phèdre, acte II, scène 5, extrait (1677) Corpus Texte A. MOLIÈRE, L’École des femmes, V, 4 (1662) Arnolphe, bourgeois vieillissant, a fait élever dans la plus parfaite ignorance une jeune fille avec l’intention d’en faire sa femme. Quoique séquestrée

qu’elle exerce des ravages sur elle-même et sur ceux qui l’entourent, en accomplissant sa propre nature, celle d’une créature aux émotions débridées, tout en doutant, en hésitant. Ce doute exprime sa liberté et sa sensibilité. Est-elle criminelle ou innocente? C'est cela qui est intéressant dans son cas : chercher ce qu'il y a d'innocent chez cette grande coupable qui, héroïne presque sophocléenne par son caractère inflexible et déterminé, est de ces êtres qui sont davantage condamnés à la violence que

le registre pathétique Histoire des arts : P. CORNEILLE, Polyeucte, mise en scène de J. Lavelli, 1987 192 Comment identifier un héros de tragédie classique ? P. CORNEILLE, Le Cid, I, 6, 1637 J. RACINE, Britannicus, II, 3, 1669 J. RACINE, Phèdre, I, 3, 1677 Image : J. RACINE, Britannicus, mise en scène de B. Jaques-Wajeman, 2004 194 194 195 195 Corpus ⁄ ¤ ‹ › ∞ 6 ‡ EURIPIDE, Les Troyennes, 415 av. J.-C. P. CORNEILLE, Horace, IV, 5, 1640 P. CORNEILLE, Cinna, III, 4

d’illustration directe : une représentation de la pièce dans la version télévisuelle récente de Bérénice réunissant Carole Bouquet et Gérard Depardieu ; – À titre de comparaison : la captation réalisée par la chaîne ARTE de la mise en scène de Phèdre par Patrice Chéreau ; mais aussi la captation réalisée par le Cned d’une mise en scène de Britannicus ; – À titre d’approfondissement : l’émission réalisée par le Cned dans la série « Littérature » autour de « Racine, dramaturge » ; mais aussi

se couvrir de gloire. Aussi cède-t-il. Acte II Scène 1 : Ériphile confie à sa suivante, Doris, qu’au spectacle des retrouvailles d’Agamemnon et d’Iphigénie, elle a souffert, d’abord parce qu’orpheline, elle ne sait qui sont ses parents, ce sur quoi Calchas pourrait la renseigner, mais surtout parce qu’elle est tombée amoureuse de son ravisseur, Achille, et qu'il n'y a rien qu'elle ne se sente capable de tenter pour empêcher l'union qu’on projette entre lui et Iphigénie. Scène 2 : Iphigénie s’étonne