Être ou ne pas être
Sous les lois de l'hymen je m'étais engagée,
Mon repos, mon bonheur semblait être affermi;
Athènes me montra mon super ennemi.
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue;
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler;
Je sentis tout mon corps et transir et brûler.
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D'un sang qu'elle poursuit tourment inévitables.
Par des voeux assidus je crus les détourner:
Je lui batis un temps et pris soin de l'orner.
De victimes moi-même à toute heure entourée,
Je cherchais dans leur flancs ma raison égarée.
D'un incurable amour remèdes impuissants !
En vain sur les autels brûlait l'encens :
Quand ma bouche implorait le nom de la déesse,
J'adorais Hippolyte; et le voyant sans cesse,
Même au pied des autels que je faisais fumer,
J'offrais tout à ce dieu que je n'osais nommer.
La politique n'est-elle que l'art de jouer avec les apparences ? Je relisais cette nuit (le rêve s’y mêlait) la dernière tirade de l’acte II du Hamlet de Shakespeare (GF p. 302, surtout à la fin à partir de « j’ai ouï dire… »). Hamlet veut découvrir l’assassin de son père qui compose l’apparence d’un visage innocent : il prévoit de « frapper dans l’âme » le roi présumé assassin pour la voir et l’attraper, plutôt que le cœur. Et il prévoit pour cela une représentation théâtrale, une apparence représentée contre une apparence mensonge, sa représentation contre celle du roi : « cette pièce est la chose où j’attraperai la conscience du roi ». Shakespeare traite ici de l’apparence en politique, à la fois du mensonge du roi et du rôle de « quelque chose qui ressemble », comme peut-être la symétrie du monde des idées, en tant qu’action politique efficace traitant des consciences. La remarque que je voulais faire est celle-ci : la célèbre citation « être ou ne pas être, c’est là la question » qui vient à la suite p. 304 de la prévision