Écrit d'invention le dormeur du val
Ces quelques mots ne sauraient suffire à décrire l’émotion que j’ai ressentie en lisant votre dernier recueil Poésies. Chacun de vos poèmes montre l’étendue de votre talent, mais c’est votre sonnet « Le Dormeur du Val » qui m’a vraiment touchée. C’est pourquoi je me devais de vous écrire afin de vous témoigner mon admiration. Comment, en effet, ne pas remarquer avec quelle finesse vous avez rendu votre texte lyrique, ou comment cette ambiguïté quant à l’état du soldat arrive à troubler votre lecteur ? Chaque mot semble choisi avec justesse, ce qui vous permet de dénoncer implicitement la guerre.
Un soleil luisant, une montagne fière, les personnifications de la nature donnent un certain lyrisme à votre texte. Le lecteur est, dès les premiers vers, emporté dans un tourbillon d’images. La rivière qui chante donne encore plus de crédibilité à ce lyrisme puisqu’elle rend le poème musical. Lorsque je le lis, un flot de notes résonne en moi, j’entends les arpèges d’une harpe faire écho à la rivière qui chante, et les alexandrins viennent rythmer cette mélodie. Pendant un bref moment, les deux quatrains m’ont fait imaginer ce soldat qui semble dormir paisiblement, réchauffé par la nature et bercé par la musique de l’eau. Cette description m’a donné, au départ, une impression de paix, de quiétude, ce qui a ensuite permis d’accentuer ma surprise lors de la lecture de votre dernier vers. C’est donc un travail très subtile et précis que vous avez accompli et je sens bien qu’aucun mot, aucune phrase n’ont été choisis au hasard.
Mais ce lyrisme, qui donne une dimension musicale à votre poème, n’est en vérité pas ce qui m’a le plus impressionnée, car la façon dont vous vous y prenez pour semer le doute dans nos esprits est davantage surprenant. Dans vos tercets principalement, vous n'utilisez que quelques indices, certes, mais qui sont suffisants pour nous mettre sur la piste. La lectrice attentive que je suis a pu remarquer assez rapidement les mots que