école des femmes
L’extrait proposé se situe au moment où Arnolphe vient tout juste d’apprendre l’existence de l’amour d’Horace et d’Agnès, de la bouche d’Horace lui-même, qui s’est confié à Arnolphe sans connaître ses intentions envers sa pupille : il s’agit d’un monologue dans lequel il exprime sa colère d’avoir un rival et d’avoir vu sa pupille le trahir et manifester le désir de se soustraire à sa volonté ; il met donc en place une rhétorique de l’amour et de la colère qui pourra servir de premier axe d’examen du texte.
Le rôle de ce monologue dans le déroulement général de la pièce pourra fournir une autre clé de lecture : en effet, Arnolphe, qui entendait obtenir la main d’Agnès par la manipulation, endosse ici le rôle de l’amant douloureusement refoulé, et en exprime les sentiments typiques – le monologue de l’amant refoulé est en effet un lieu commun du théâtre - : on comprend alors la valeur ironique de ce passage, puisqu’Arnolphe, qui, dans toutes les scènes précédentes, s’est révélé comme un manipulateur sans sentiments, a ici recours à tous les moyens traditionnels d’expression de la douleur amoureuse. La lecture de son monologue est donc double : au premier degré, ce monologue apparaît comme une plainte sincère ; au second degré – qui est celui auquel ont accès le lecteur ou le spectateur de la pièce dans la mesure où ils ont connaissance des épisodes précédents -, ce monologue apparaît comme une parodie grotesque de plainte amoureuse, ce qui contribue à créer un effet comique.
L’extrait à commenter constitue en outre une scène complète : il forme donc une unité de sens et