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Dans l’ensemble des textes de Marguerite Duras, nous savons que vie et œuvre sont toujours liés par une seule et même aventure: l’écriture.
Chez elle, ces deux mondes expriment le secret, le mystère et l’obscurité. C’est ainsi que l’auteur met en lumière des événements de sa vie familiale et de sa vie personnelle. À travers ces événements intimes, Duras garde toujours en elle-même une part de réserve, quand elle “dévoile” à ses lecteurs les souffrances du cœur, l’enfance difficile, la pauvreté, la richesse, l’inégalité, la mère, les frères, la précocité amoureuse.
C’est pour cette raison que Duras est un écrivain que nous désignerons comme intimiste. Intimiste elle est aussi dans l’œuvre Moderato cantabile, écrit en 1958 et que nous avons retenu ici pour analyser l’intime du personnage féminin, Anne Desbaresdes. Dans Moderato cantabile aussi bien que dans les textes des années soixante, Dix heures et demie du soir en été, Hiroshima mon amour, et Le ravissement de Lol V. Stein, on est devant des œuvres marquées par le contraste, la joie, la peine amoureuse, et la perte jusqu’au désespoir.
Dans l’œuvre Moderato cantabile, nous allons montrer qu’à travers les méandres de l’écriture, Duras écrit un événement inoubliable et traumatisant, reliés par l’amour et la mort, la mémoire et l’oubli, le présent et le passé ou vice-versa. Elle écrit dans l’opposition et dans le mystère. Au fond, elle ne cessera de chercher dans son écriture le for intérieur de l’individu.
En ce sens, l’intime de l’héroïne dans Moderato cantabile trouve son origine autour du manque et de l’absence, et les situe dans une inconsolable perte. Duras décrit l’histoire d’un « deuil noir » ; deuil rendu interminable par l’absence de l’être passionnément aimé.
C’est justement à travers les non-dits du discours que l’auteur va obstinément montrer le vécu traumatisant de l’héroïne, Anne Desbaresdes. C’est justement aussi bien dans « la conversation de la vie