L’écriture féminine ou l’identité écartelée entre tradition et modernité
Le 23 juillet 1999, alors que le Maroc voyait le jeune roi Mohammed VI, héritier du roi Hassan II, accéder au trône du royaume, les yeux de l’Occident et peut-être plus particulièrement de la France étaient rivés par delà la méditerranée. Bon nombre d’observateurs et de journalistes l’annonçaient alors, le Maroc entrait dans une ère nouvelle ; celle de la modernisation de sa société. Pourtant, et malgré une telle revendication largement exprimée, il semble que profondément ancré et attaché à sa « marocanité », l’ensemble du peuple n’a jamais souhaité « attraper le virus de la modernité au détriment de la culture, voire des traditions ». De fait, annoncé à grands bruits, il semble que le mouvement amorcé vers El badil (Le Changement) ait ravivé au Maroc un déchirement inhérent à tout pays colonisé : les manifestations des organisations féministes puis les défilés des fondamentalistes religieux qui leur ont succédé l’ont démontré, « [la modernisation] ne se déroul[e] jamais[...] sans une interrogation poignante sur les périls de l’assimilation. Sans une profonde crise d’identité. » Ainsi, unanimement présenté par les spécialistes comme une nation économiquement mais surtout socialement « en transition » vers la modernité, le Maroc voit de ce fait la base de son unité culturelle, c’est à dire la tradition arabo-musulmane, remise en question. Dès lors apparaît-il que si le pays souhaite conserver l’équilibre acquis et éviter le renforcement des dérives fondamentalistes déjà existantes, il lui faudra trouver un espace identitaire où la modernité, dont le modèle reste occidental depuis le protectorat français, ne s’instaurera pas au détriment de l’identité profonde du pays.
L’écrivain marocain de langue française apparaît comme étant au point de jonction des deux espaces qui se proposent au Maroc. Parce qu’il écrit en langue française tout en revendiquant et en conservant sa particularité et son identité de marocain, il semble avoir trouvé