l'épouvantail et le bonhomme de neige
À la fin, n'y tenant plus, il lui adressa ces paroles méprisantes :
BONHOMME DE NEIGE : Tu ne saurais croire, mon pauvre ami, combien ta présence m'importune, Maigre comme un somalien et plus sec qu'une vieille croûte de pain, tu n'as que la peau sur les os !
Va, on t'a bien nommé en te baptisant épouvantail car les oiseaux n'ont qu'à entrevoir ta silhouette pour s'enfuir, et puis c’est quoi ce pantalon troué, et ce chapeau froissé comme si quelqu’un avait joué de l’accordéon avec.
NARRATEUR : Et le bonhomme de neige, satisfait, s'arrêta pour voir l'effet de son petit discours.
Mais, comme le malheureux Épouvantail, se taisait, il reprit tout gonflé d'un énorme orgueil ;
BONHOMME DE NEIGE : Quelle différence entre nous deux !... Moi, je suis un bourgeois ! Jette un peu les yeux sur mon extérieur de riche propriétaire ! Depuis ma plus tendre enfance, je suis habillé en blanc. Pas une tache sur mes habits ! J'ai l'air d'un cygne, et puis, en me regardant, comme on voit bien tout de suite qu'on a devant soi un homme sérieux et bien nourri ! J'ai du ventre et des joues rebondies, souffle le vent : qu'est-ce que je risque ? Ma base a la solidité du marbre... et je n'effraie personne, moi ! Au contraire, les enfants viennent jouer avec moi, et je suis l'ami des petits écoliers !
NARRATEUR : Ainsi parla le bonhomme de neige, et ses vantardises auraient pu durer très longtemps si, bientôt, un gazouillement qui s'éleva de toutes parts dans la plaine n’avait pas eu lieu, c'étaient les oiseaux qui saluaient monsieur Soleil.
Alors on entendit tout-à-coup un formidable éclat de rire : c'était l'Épouvantail.
Que se passait-il donc ?...
Pourquoi cette joie aussi imprévue ?
Sous la douce chaleur des premiers