L loupe
Par Isabelle Regnier
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Dans une zone pavillonnaire, un petit garçon en uniforme, l'air sévère, exécute méthodiquement une série de gestes d'agent de la circulation pour arrêter un gros 4 × 4. Ainsi commence La Zona, propriété privée, saisissant polar politique qui a récolté une moisson de récompenses (Lion du futur à Venise, Prix de la critique internationale à Toronto). En dépit de l'onirisme de cette première scène, il ne s'agit ni d'un film de science-fiction ni d'un conte fantastique.
Férocement naturaliste au contraire, ce premier long métrage du Mexicain Rodrigo Pla se situe dans un domaine sur les hauteurs de Mexico, protégé par un mur rehaussé de barbelés et surveillé par des caméras vidéo. La Zona est une cité privée pour familles fortunées, comme il en essaime aujourd'hui en Amérique du Sud, aux Etats-Unis, ou en Europe. La vie se passe entre soi, sans frottement, dans une atmosphère aseptisée et claustrophobe.
Avec le décor de fin du monde que l'on découvre peu après au pied de la forteresse, le contraste est dur. La nuit, par un violent orage, un panneau publicitaire se fracasse sur les barbelés de La Zona et court-circuite le système de surveillance. Abrités dans la carcasse d'un vieux bus pour partager de brefs moments d'intimité amoureuse, des gamins des rues assistent à l'incident et en profitent pour s'engouffrer chez l'ennemi. Ils pénètrent dans la maison la plus proche, le cambriolage tourne mal, des balles fusent. Un gardien est tué. Deux garçons sont abattus par des riverains. Le troisième prend la fuite.
Le film suit alors l'emballement qui gagne cette communauté scellée par la