Avis au lecteur Il me parat de toute convenance de prvenir une confusion possible relativement au principal hros de ce livre. Elle sest dit Elle et moi, nous avons voyag. Les penses changent de couleur, parfois, avec les frontires. Je ne sais trop ce que jesprais un tonnement peut-tre, quelque diversion salubre. Je la traitais comme une malade, son insu. Eh bien, ni lAllemagne, ni lItalie, ni les steppes russes, ni les splendides Espagnes, ni la jeune Amrique nont mu, distrait ou intress cette mystrieuse crature Elle regardait, jalouse, les chefs-duvre qui, pensait-elle, la privaient, pour un instant, dune attention totale, sans comprendre quelle faisait partie de la beaut des chefs-duvre et que ctaient des miroirs que je lui montrais. En Suisse, devant le mont Rose, laurore, elle scriait (et avec un sourire aussi beau que cette aurore sur cette neige) Ah je naime pas les montagnes, moi cela mcrase. A Florence, devant les merveilles du sicle de Lon X, elle disait avec un billement lger Oui, cest trs intressant, tout cela. En Allemagne, en coutant Wagner, elle disait On ne peut pas suivre un air, dans cette musique-l Mais cest fou Dailleurs, tout ce qui nest mme pas simplement sot ou vil, elle appelle cela les toiles. Ainsi, chaque instant, je lentends murmurer de sa voix divine Tout ce que vous voudrez, mais pas les toiles Voyez-vous, mon cher lord, ce nest plus srieux. Telle est sa devise favorite, quelle rcite machinalement, ne traduisant, en ce refrain, que sa soif natale dabaisser toujours ce qui dpasse le strict niveau de la terre. LA n 3. Livre II, chapitre 3 premire apparition dHadaly (p. 114-115). Debout en ce dais, une sorte dtre, dont laspect dgageait une impression dinconnu, apparaissait. La vision semblait avoir un visage de tnbres un lacis de perles serrait, la hauteur de son front, les enroulements dun tissu de deuil dont lobscurit lui cachait toute la tte. Une fminine armure, en feuilles dargent brl, dun blanc radieux et mat, accusait,