L'Etranger de Camus incipit
L’Etranger est divisé en deux parties. La première se termine sur l’épisode qui détermine toute la deuxième partie : le meurtre de l’Arabe qui entraîne le procès et la condamnation à mort de Meursault. Cet épisode semble, à lui seul, résumer l’ensemble du roman : Meursault y raconte son crime sans livrer ses émotions, sans même donner l’impression qu’il en est responsable ; ce sont plutôt les éléments qui poussent, voire forcent le héros à son geste. Cette irresponsabilité apparente du héros pose évidemment problème et donne son intérêt à l’extrait. On peut alors se demander comment ce passage, placé stratégiquement à la fin de la première partie, qui détermine largement l’écriture de la deuxième, se présente comme un moment capital dans le roman, comme un moment de bascule. Nous verrons que cet extrait reprend les caractéristiques principales de la première partie tout en les approfondissant et en les complexifiant, de manière à amener la réflexion sur le monde qui domine le ton de la deuxième partie. Dans ce passage, l’assassin est délié de sa responsabilité, lors d’un épisode qui marque un point de bascule dans le roman, et qui propose une nouvelle vision du monde.
On le sait, l’usage de la focalisation interne dans L’Etranger offre de façon trompeuse un accès à l’intériorité de Meursault, puisque ce point de vue livre à peine les sentiments du protagoniste qui ne se confie pas et semble particulièrement insensible. Dans ce passage, cet élément est accentué et le lecteur ressent d’autant plus cet usage peu usuel que c’est le récit d’un acte horrible qui nous est fait. Ainsi, le « je » est présent dans cette scène, mais ce ne sont pas ses sentiments qui dominent, mais ses