L'amour
Il y a deux axes pour comprendre cette phrase.
D'une part, il est vrai que l'amour d'une "personne" n'est jamais purement spirituel: "qui fait l'ange fait la bête". L'amour se base toujours sur quelque élément sensible, car c'est le seul moyen de communiquer, de présenter l'objet de l'amour.
En outre, il nous est impossible d'aimer quelque chose de général: même le bonheur, pour être aimé, doit se "matérialiser", se singulariser dans un but concret (avoir beaucoup d'argent, ou bien, être glorifié par la société, ou bien être vertueux, etc.). Une idée n'est pas un bon objet d'amour, s'il n'est pas relié au singulier qu'il permet de connaître (c'est pourquoi d'ailleurs la philosophie rebute souvent, car tant de généralité risque de nous faire passer à côté de ce qu'on aurait voulu connaître).
Cela vient du fait que l'amour est une détermination, un choix "concret" d'une chose, d'un bien singulier pour soi.
Ainsi ce qui est aimé l'est toujours parce qu'il est présenté de manière sensible et singulière.
Or une personne est unique, singulière au plus haut point. Quand on aime quelqu'un, ce n'est pas son être, sa substance qu'on aime d'abord, mais comme elle se révèle. Ce n'est pas l'Homme que j'aime, mais cet homme ou cette femme avec ces yeux clairs si profonds, cette façon si particulière de sourire, cette douceur de sa peau, cette voix au ton enjoué qu'elle prend quand elle me parle de ses désirs, etc. Autrement dit, c'est toutes ces qualités, qui ne font pas ce qu'elle est essentiellement (ce n'est pas le fait d'avoir des yeux clairs qui font qu'elle est humaine), mais qui la caractérise ELLE.
Aussi j'interprète cette phrase un peu au-delà: bien sûr, on n'aime pas la personne en tant que substance, en tant que sujet pur. On aime les qualités sensibles qui l'entourent. Pourtant ces qualités sont telles qu'elles révèlent ce qu'est la personne profondément (à elle-même comme aux autres).
Ce qui