L'étranger de camus
Le style de L’Etranger frappe tout d’abord par sa simplicité et son naturel. On ne trouve pas, derrière l’écriture de Camus, les habitudes rhétoriques, les volontés d’expression propres aux grands romanciers du XIX siècle et souvent charactéristiques d’une idéologie bourgeoise. Camus ne fait souvent que traduire fidèlement une façon de parler typique des français d’Algérie, elle-même héritée du style et du rythme du récit des Arabes : transcription simple des faits, appréciés en eux-mêmes, sans qu’il soit besoin de les organiser et surtout de les coordonner dans un discours cohérent, et qui finissent, en s’accumulant, par prendre une dimension épique.
En évoquant par de petites phrases courtes, que ne relie le plus souvent aucun rapport de cause ou de conséquences, les faits apparemment les plus anodins et les plus importants, Meursault paraît dénoncer comme de simples préjugés les points de vue différents que nous en avons d’habitude.
Son style exprime que pour lui, il n’existe pas de petits problèmes ; son observation des détails (les vis du cercueil) ou sa manière de peser en toutes choses le pour et le contre ("dans un sens... dans un autre...") révèlent un esprit scrupuleux et observateur.
A travers Meursault, personnage indifférent aux valeurs traditionnelles, Camus nous fait redécouvrir un monde que l’on croyait familier.
DUREE DE L’ACTION
La première partie du récit couvre dix-huit jours, entre le jeudi où Meursault reçoit le télégramme et le dimanche du drame. Nous sommes au début du roman au mois de juin (la saison de football, qui ne dépassait jamais le 30 juin en Algérie, n’est pas terminée). Sans doute sommes-nous en juillet le jour du meurtre.
La deuxième partie couvre près d’un an : l’instruction a duré onze mois, auxquels il faut ajouter le temps du procès et les jours que Meursault passe dans sa cellule après le verdict. Le proçès lui-même se déroule en juin.
Bien qu’il s’étale sur un an, le récit se situe presque