L'ironie dans l'enfance d'un chef de jean-paul sartre
Le Mur, écrit par Jean-Paul Sartre en 1939, est un recueil de cinq nouvelles que Sartre définit lui-même comme « cinq petites déroutes tragiques ou comiques, devant l’existence ». La nouvelle, « L’enfance d’un chef », se détache du recueil. En effet, il s’agit d’une analyse psychologique et sociologique d’un personnage du nom de Lucien, qui va peu à peu sombrer dans l’idéologie fasciste. Pourtant Sartre semble dépeindre ce récit avec une certaine ironie, qui lui est propre. Quels procédés ironiques met-il en place pour véhiculer sa pensée ? Quels types d’ironie utilise-t-il pour tourner en dérision la soif irrationnelle de pouvoir ? C’est ce que nous verrons tout d’abord avec l’ironie comme paradoxe et puis avec l’ironie comme polyphonie.
I/ L’ironie comme paradoxe Il s’agit là de la conception classique de l’ironie. Elle correspond à la citation d’Alain Berrendonner : « Faire de l’ironie […], c’est s’inscrire en faux contre sa propre énonciation tout en l’accomplissant. »
1) L’antiphrase L’antiphrase est un procédé d’ironie utilisé lorsque l’ironisant, c'est-à-dire l’énonciateur de l’ironie, annonce un mot alors qu’il veut faire comprendre le contraire de ce mot. Ce type d’ironie se voit tout d’abord dans le titre de la nouvelle, « L’Enfance d’un chef ». En effet cette marque paratextuelle est ironique car le personnage Lucien est très loin d’être un chef. Il aimerait être vu comme tel, mais il n’est en réalité qu’un adolescent ordinaire connu de personne. Sartre s’amuse donc à donner ce titre à sa nouvelle comme s’il s’apprêtait à raconter l’enfance d’un chef politique et