"Un honnête homme n'est pas obligé d'avoir vu tous les livres, ni d'avoir appris soigneusement tout ce qui s'enseigne dans les écoles : et même ce serait une espèce de défaut en son éducation, s'il avait trop employé de temps en l'exercice des lettres. Il y a beaucoup d'autres choses à faire pendant sa vie, le cours de laquelle doit être si bien mesuré, qu'il lui en reste la meilleure partie pour pratiquer les bonnes actions, qui lui devraient être enseignées par sa propre raison, s'il n'apprenait rien que d'elle seule. Mais il est entré ignorant dans le monde, et la connaissance de son premier âge n'étant appuyée que sur la faiblesse des sens et sur l'autorité des précepteurs, il est presque impossible que son imagination ne se trouve remplie d'une infinité de fausses pensées, avant que cette raison en puisse entreprendre la conduite : de sorte qu'il a besoin par après d'un très grand naturel, ou bien des instructions de quelque sage, tant pour se défaire des mauvaises doctrines dont il est préoccupé, que pour jeter les premiers fondements d'une science solide, et découvrir toutes les voies par où il puisse élever sa connaissance jusqu'au plus haut degré qu'elle puisse atteindre"
L’extrait proposé est issu d’un texte de Descartes, homme scientifique et philosophe. Dans cet extrait, Descartes expose une thèse selon laquelle le système éducatif ne fonctionne pas, car l’enseignement scolastique est dénué de raison. Pour remettre en cause le système éducatif, Descartes approche trois grands points : la notion « d’honnête homme », le système d’éducation scolastique et la nécessité d’une « réforme ».
Tout d’abord, il est urgent de définir ce qu’est un « honnête homme ». Selon Descartes, la vision qu’a le monde d’un honnête homme est erronée. En effet, celui-ci averti dès la première phrase que l’honnête homme « n’est pas obligé d’avoir vu tous les livres » et qu’il n’a pas à apprendre bêtement tout ce qui est enseigné. Descartes cherche à séparer le système