C’est à vous que je m’adresse les planteurs du Surinam. Oui, à vous les esclavagistes. Je suis à ce jour choqué. J’ai rencontré avec horreur un homme, mutilé et à moitié nu, étendu sur le sol dans votre ville. Cet homme me regardait transi, agonisant, au regard craintif, dans une position d’un être soumis. Et c’est là que j’ai compris et eu honte d’être un homme en bonne santé, un homme d’Europe. Vous, qui êtes riches et puissants possédant des terres immenses, n’avez-vous donc pas honte ? Honte de traiter ces hommes ainsi ? Car oui, se sont des hommes, des hommes comme vous et moi, pouvant parler et aimer, donner et recevoir, apprendre et enseigner. Ces hommes que vous arrachez à leur terre natale, arrachés à leur famille, leur promettant bonheur, logement et travail. Mais nous n’avons donc pas la même conception de tous cela, vous osez me dire que tout est mensonge pour les faire venir chez vous, juste pour des raisons économiques, avoir une main d’œuvre gratuite et que vous puissiez vous enrichir sur leur dos, sans qu’il puisse avoir un seul sous. Je crains que mon discours ne puisse changer les choses, mais ne serait-ce pas mieux de leur remettre leur titre d’être humain ? Ne continuez pas ainsi. Même vos bêtes sont mieux traitées qu’eux, jamais ils ne subiront des actes aussi brutaux ! Or, ces bêtes ne travaillent ni plus ni mieux qu’eux. Cessez d’être égoïstes, pensez à votre prochain. Donnez-leur ce que vous leur aviez promis, donnez-leur un salaire pour leur travail donné, cessez de les maltraiter. Je suis sûr que leur travail ne sera que mieux fait, leur santé sera meilleure et ils pourront donc d’avantage améliorer vos terres. Ces hommes méritent mieux et je pense que votre humanité pourra les