L'existentialisme dans « maigret et la jeune morte », de simenon
12 mai 2010
Analyse comparative d'une oeuvre et d'un courant littéraire
Maigret et la jeune morte, de G. Simenon, et l'existentialisme.
C'est la nuit au Quai des Orfèvres. Maigret termine une enquête, et plutôt que de fermer l'œil sur sa journée, se laisse intéresser par un meurtre. Le lecteur le rejoint au beau milieu de la nuit, et entend toutes les réflexions de l'inspecteur. L'« inattentif » écoute les témoignages, accumule les pistes. Mais l'attentif a saisi quelque chose; il ne suffit pas d'écouter et de suivre, il faut comprendre.
Dans cette comparaison, l'existentialisme est à prendre dans un sens plus terre à terre, moins philosophique que celui de Sartre. Il reflète une tendance, forte dans les années cinquante, d'abord photographique, avec Doisneau pour figure emblématique. Ces « poètes » font la part belle à l'existence, en s'intéressant, d'une part, aux « petites gens » qui ne mènent pas de vie glorieuse, mais qui ont le mérite d'exister, et d'un autre côté, à l'« homme nu », l'homme sans couverture, sans artifices, pour cacher sa réelle nature. De cette façon, « existentialisme » pourrait se rapprocher de « humanisme ».
La particularité du savoir-faire de Maigret, c'est-à-dire de la plume de Simenon, réside dans le modus operandi de l'inspecteur. Il s'imbibe de chaque personne qu'il rencontre, comme une « éponge qui aspire la vie et qui la rend ensuite ». Cette attitude se présente quasi systématiquement à Maigret, et c'est justement ce qui va le distinguer, et l'aider à mener à bien son enquête. Dès le départ, il est opposé, contre son gré, à l'inspecteur Lognon, affectueusement surnommé le « Malgracieux », Maigret sait que l'enquête dans laquelle il met les pieds « n'est pas la sienne », mais ne fait pas de manière, et juge qu'il ne peut pas l'abandonner, uniquement pour ménager la susceptibilité de Lognon. Et ainsi, tout au long du roman, on fera connaissance avec le Malgracieux, qui précède Maigret