Nous nous intéressons d’abord à l’incipit de L’Etranger, écrit par Albert Camus. Ce texte est écrit à la première personne, le narrateur est très présent. Le système temps utilisé est le système temps présent, le narrateur raconte son histoire au présent (« maman est morte » (l.1)), passé composé (« j’ai demandé » (l.11)) et imparfait (« je n’avais pas à m’excuser » (l.18)). Le narrateur utilise un langage courant et oral. Les phrases sont courtes et ont une structure très simple, ce qui nous donne l’impression que l’auteur écrit un journal. Le cadre spatial n’est pas très précis, on sait seulement que « l’asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingt kilomètres d’Alger. » (l.7-8), et le cadre temporel, très simple (« aujourd’hui » (l.1), « hier » (l.2), « demain » (l.4)) ne nous indique rien de plus sur la situation du personnage, aucune date précise n’est mentionnée. Les personnages non plus ne sont pas décrits, ni physiquement, ni mentalement. On ne sait rien d’eux, pas même leur nom. Cette absence de description montre une certaine objectivité du narrateur. On dit que Camus a une écriture blanche, car il n’utilise pas de modalisateurs.
La première phrase de ce texte est très directe, on apprend tout de suite qu’« Aujourd’hui maman est morte » (l.1). Pourtant le narrateur n’a pas l’air d’être attristé par la mort de sa mère. On attend des sentiments de sa part. Ces sentiments n’arrivant pas, cela provoque une déception chez le lecteur qui donne envie de lire la suite du texte pour savoir quand les sentiments du narrateur vont apparaître. Il a l’air perdu, il est choqué, et c’est pour cela qu’il n’exprime pas clairement ses sentiments. Au contraire, les « sentiments distingués » (l.4) exprimés dans le texte par le directeur de l’asile dans son télégramme n’en sont