L'art de la finance
La finance ne crée pas de valeur, mais elle peut éviter d'en détruire, ou de manquer des occasions d'en créer. De ce fait, elle a un impact sur la valeur créée. La réflexion sur le choix d'une structure financière se réduit souvent en France à une simple mise en balance des avantages et inconvénients supposés, engendrés par le levier financier. Ces avantages ou inconvénients procéderaient de la relation arithmétique qui unit la rentabilité des capitaux propres ou « return on equity » (ROE) à celle des capitaux engagés (RCE), à travers le coût après impôts de la dette et le rapport dette sur capitaux propres (D/K) ou « levier financier ». ROE = RCE + (RCE - i). D/K. Plus l'endettement est élevé, plus l'effet démultiplicateur est important, et ce pour le meilleur ou pour le pire, selon que la RCE est supérieure ou inférieure au coût de la dette (i). Les conséquences que l'on tire habituellement de cet effet mécanique sont les suivantes : - les industries dont la RCE est stable, et supérieure au coût de la dette, auraient intérêt à recourir fortement à l'endettement, de façon à augmenter la rentabilité dégagée sur l'apport des actionnaires, alors qu'au contraire les industries cycliques ou celles dont les actifs en place ont une rentabilité incertaine doivent viser un endettement faible, voire négatif, pour tenir compte de ce que l'effet de levier, lorsque la RCE devient inférieure au coût de la dette, peut se transformer en effet « massue »; - le recours à l'endettement serait judicieux, dans la mesure où il engendrerait une augmentation de la rentabilité des capitaux propres, et donc du bénéfice par action (BPA), en raison des répercussions positives de cette augmentation sur le cours boursier. Le premier précepte n'est pas sans pertinence : encore faut-il vérifier que cette pertinence procède bien des arguments invoqués. Le second repose en fait exclusivement sur un argument fiscal, et ne vaut que ce que vaut l'avantage fiscal