L'argumentation, lecture de mlle chambon
Le livre que je viens d’étudier : Mademoiselle Chambon, a été publié en 2002, à l’aube du XXIè siècle, par Eric Holder. Mais le thème traité n’a rien de nouveau : comment l’on tombe amoureux alors que rien ne nous préparait – du moins consciemment- à cela. Le souci de l’auteur non plus n’a rien de nouveau : inscrire cette aventure dans la réalité la plus brute de cette fin de XXè siècle, dans une petite ville de province française comme il en existe tant dans l’hexagone. Il prend ainsi le relais des grands réalistes du XIXè et notamment de Flaubert.
Alors, quels charmes peut encore y trouver un adolescent de 2007 ?
Tout d’abord la qualité de l’écriture. Rien à voir avec le lyrisme de Zola et les longues descriptions détaillées de Balzac. Les phrases de Holder sont courtes la plupart du temps, sèches aussi, comme décapées. Aucune expression, aucun terme, qu’un jeune de 14 ans ne puisse comprendre. Ensuite, les personnages évoluent dans un contexte qui pourrait être celui de n’importe quelle ville moyenne de cette décennie, avec des préoccupations modernes et les protagonistes sont relativement jeunes ( 25, 27 ans). Enfin, l’œuvre est courte et le plus long chapitre n’excède pas 7 pages : de quoi réjouir les jeunes lecteurs contemporains, pressés de lire et d’arriver au bout d’une histoire.
Pourtant celle-ci n’offre que peu de rebondissements, à partir du coup de foudre inaugural. Alors en quoi peut-elle plaire ?
D’une part en ce qu’elle ne trompe pas le jeune lecteur sur la cruauté de la vie : elle ne lui cache pas les impasses et les impossibilités auxquelles il sera confronté, ainsi que les manipulations auxquelles il devra peut-être se livrer pour garder ce qu’il a. Mais elle lui montre aussi d’autre part qu’une vie apparemment banale peut à tout moment s’éclairer, se métamorphoser et déboucher sur un grand bonheur et de puissantes raisons