l'amour
Cette fille, qu’il décrit lui-même comme « banale », « pas son genre » et intellectuellement et culturellement bien faible par rapport par lui, semble l’admirer, l’idolâtrer. Et Swann prend plaisir à se faire son Pygmalion, à la plaindre mièvreusement. On ne sait alors s'il l’apprécie pour sa simplicité, ce qu’elle pourrait devenir grâce à lui ou encore parce qu’il sait justement qu’elle ne sera jamais telle qui le désire. Mais cet homme, détaché et presque méprisant parfois, se trompe alors s'il croit être totalement maître de ses sentiments, car cette banalité, devient une nouveauté, le centre de ses attentions. Tout semble se cristalliser autour d’elle, et c’est un beau jour qu’en étant pris par sa ressemblance avec un Botticelli, lui qui ne cesse de comparer tableaux et visages, Swann est frappé, comme dans tout nouvel amour, par la monotonie qu’il se rappelle de son ancienne vie, maintenant qu’il découvre Odette.
Mais c’est un amour obsessionnel, frustrant des deux côtés, qui distille lentement son poison dans son cœur.
Tout se rapporte alors à Odette, c’est sa présence, son souvenir, le moindre mot pouvant le faire penser à elle qui font son bonheur : Il recherche les autres uniquement dans le cadre où ils auraient pu avoir échanger un mot avec elle, il frémit au nom des lieux où elle est allée sans lui. Car la jalousie est une souffrance constante pour Swann. Il met un point d’honneur à se lancer tous les jours et à chaque seconde dans une recherche frénétique de l’emploi du temps de sa maîtresse. Il tremble à l’idée qu’il sait si peu de choses sur elle, sur son passé, sur ses occupations en dehors de lui. Mais, par crainte, de la décevoir, de l’agacer, il ne pose pas de questions, rampe, se