Nous ne sommes pas heureux. Du moins, c’est ce que nous soupirons assez souvent ennotre for intérieur. Il y a tant de choses que nous désirons et qui pourraient nous rendre heureux… Nous avons tous sensiblement les mêmes; que ce soit du désir le plus « superficiel » (la richesse)au plus raisonnable (une bonne santé par exemple). Mais malgré tout cela, nous sommes toujours en train d’attendre que le bonheur vienne à nous. Mais avons-nous réellement besoin de l’attendre ?N’est-il pas possible d’envisager que nous serions déjà heureux ? Et auquel cas nous ne le serions pas, n’y a-t-il pas un autre moyen que l’attente pour accéder au bonheur ? Pour y répondre, nous verronstout d’abord comment nous attendons le bonheur. Ensuite, nous nous demanderons si le bonheur ne peut pas s’atteindre autrement qu’en l’attendant. Mais au fond, l’attente (ou même la recherche) dubonheur, de mon bonheur, est-elle réellement justifiée ?
Il est clair que face au bonheur, la seule attitude adoptée soit, en général, celle de l’attendre. Non pas par un quelconque pessimismetendant à penser que nous ne serons, de toutes façons, jamais heureux, mais plutôt par une certaine passivité. La grande majorité des hommes aspire au bonheur. En effet, nous pensons tous plus ou moins quenous avons le droit d’être heureux, donc, que le bonheur nous est dû. Il se peut que nous nous attendions, selon un esprit tout judéo-chrétien, à éprouver un beau jour un sentiment d’exaltationprofonde, proche de la béatitude : être touché par une certaine grâce. Quelque chose de différent en somme. Différent de quoi ? Probablement de la vie routinière et monotone, pleine de soucis, qui ne nousoffre justement pas tout ce que nous désirons et qui ne correspond pas vraiment à l’idéal de bonheur que nous formons dans notre imagination. Cette attente passive pourrait également être le fruit... [à