Paul Valéry est un célèbre philosophe et écrivain français du XXème siècle, pour qui le rôle de la littérature dans la formation était primordial. Il nourrissait de grandes inquiétudes concernant la pérennité de la civilisation, rappelant à l’homme qu’il est mortel. Il avait de grandes attentes concernant ses lecteurs, et a ainsi écrit à leur propos : « J'aime mieux être lu plusieurs fois par un seul qu'une seule fois par plusieurs. ». Il exprime dans cette phrase son opinion personnelle, sa préférence en tant qu'auteur. Pour lui, la relecture d'un seul a plus de valeur que les lectures superficielles de plusieurs. Valéry ne cherche donc pas la notoriété, il ne souhaite pas être connu par un grand nombre, mais être bien connu, compris, par quelques uns. Il attend un lecteur qui essaiera de saisir toute l'essence de son texte, et ce en passant par la relecture, et condamne le lecteur de passage qui peut-être comprendra, ou peut-être pas, mais qui dans les deux cas mais ne cherchera par à approfondir sa lecture.
Nous partons donc ici du principe que les lectures successives d’un seul ou de quelques uns ont plus de valeur que la seule lecture de plusieurs, et donc que le rôle de la relecture est primordial. Nous pouvons donc nous interroger sur les modalités de ce rôle, et chercher à savoir si la relecture est vraiment nécessaire, et si elle s'applique à toutes les œuvres. Cela revient à nous demander quelle attitude le lecteur doit adopter face à une œuvre et durant sa lecture.
Nous nous intéresserons donc dans un premier temps au rôle et à la valeur d'une lecture unique, puis à ce que peut nous apporter une éventuelle relecture, et enfin à la relation entre l’auteur et le lecteur.

Nous pouvons donc dans un premier temps étudier la fonction et la portée d’une lecture unique. En effet, nous avons tendance dans un mouvement de réflexe à envisager une lecture exclusive lorsqu’on entame une œuvre. La lecture est souvent associée à un divertissement, la relecture