A quoi sert la philosophie
La philosophie a souvent dû répondre de son utilité. En effet, plus que pour les arts ou les sciences, on la questionne sur sa raison d'être et sur le sens final de sa démarche. Peut-être cela est-il encore plus vrai dans une société à la recherche d'un profit immédiat. « À mesure que l'emprise quotidienne du monde du travail se fait plus exclusive, la philosophie relève de plus en plus du simple luxe intellectuel »1 . En effet comment une réflexion philosophique a-telle encore du crédit quand la valeur « travail » et la production sont la norme ? Ne se résumet-elle pas à des théories purement spéculatives, vierges de toute volonté pratique ? La philosophie est elle encore d'actualité ? Est elle réellement comme le pense un certain nombre une usine à concepts abstraits ? Nous allons tenter de répondre à ces questions et dans un deuxième temps, nous nous limiterons à donner une analyse philosophique d'un problème concret pour répondre aux objections souvent sarcastiques de ceux qui voient en elle un simple exercice de réflexion sans application pratique.
Il est vrai que lors que nous considérons l'utilité comme la réponse à un besoin primaire l'acte philosophique peut paraitre inutile. La theoria est, en effet, indissociable de la pensée philosophique. Le fait de s'extraire et de penser des concepts sans volonté d'en tirer un quelconque profit extérieur ou matériel c'est faire preuve d'une démarche philosophique.
Philosopher constitue une forme pure de theôrein, de speculari, de pure considération sur la réalité où les choses déterminent seulement la norme et où l'âme est seule à la reconnaitre. À chaque fois qu'un étant
(Seindes) est considéré d'un point de vue philosophique, le questionnement est « purement théorique », vierge de toute volonté pratique, de tout désir de changement et par la même, il se hisse au-dessus de tout utilitarisme. 2
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PIEPER J. Qu'est-ce que philosopher ? , Le Mont-Pèlerin, Raphael