Voyage
Il est blasé...
Madame Davinsky, la propriétaire, le fait chier
Il ne s'enfuira pourtant pas
Il l'aime cette piaule
C'est le temps qui fait ça
Il ne comprend rien
Mais il le sait
Il vit comme ça
Pas trop comme il veut
Il est malheureux mais avec le temps, il ne sait plus vraiment qu'il le sait
En fait, il ne l'a jamais aimé cette piaule !
Parfois, il s’approche des stores jaunis par la lumière
Et d’en haut, il observe les piétons, minuscules sur le trottoir
Il parle tout haut, s’adresse à la solitude :
« On regarde les gens
On les juge sans savoir et si ça se trouv
eOn n'est pas mieux, on en ferait autant
On se démerde pas mieux
On essaie, on cherche, on est lâche
On se dit loup mais au fond on aime les colliers... »
Il dit que c'est la société, l'individualisme qui crée tous ces egos sur pattes
La vraie subversion aujourd'hui !?
Le refus de l'argent, le choix de la morale, la beauté qui ne saute pas aux yeux.
Il suit les passants : un couple traverse au feu rouge, une femme parle à son portable, le temps regarde sa montre...
« Qu'est-ce qu'ils en savent de l'amour ? » dit-il
« J'ai aimé, j'ai été aimé, de là à dire que j'ai connu l'amour, j'suis pas sûr...
Enfin pas celui qui s’affiche, pas celui qu'j'aurais aimé…
Oui j'ai connu l'amour... Celui qu'on ne vit pas,
qu'on met sous une cloche de verre et qui, lorsqu'on l'agite dans nos souvenirs
forme toujours de la neige étoilée, resté intact, éternel malgré le temps...
Mais ça c'est pas d'l'amour, ça c'est d'l'art en boîte pour les artistes en manque…
Qu'est-ce qu'ils en savent eux ?! »
Madame Davinsky lui parle de respect, de factures à payer, d'impôts… Elle le fait rêver !
Alors il ferme les yeux… Très fort pour voir encore…
Et Gabrielle lui parle de licornes
Met des petites bougies au coin du bain
Des bijoux en forme de zèbre
Et elle fait des pyjamas party qui se