Voyage au bout de la nuit
645 mots
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B) Une scène burlesque qui remet tout en question - Le défilé militaire est une vraie caricature avec « le colonel par devant sur son cheval, et même qu’il avait l’air bien gentil et richement gaillard, le colonel ! ». C’est le cliché du bon gradé, avec fière allure et qui va bravement sauver la patrie. On dirait le langage d’un petit garçon qui veut jouer avec ses petits soldats de plomb ! C’est surtout une façon satirique de démonter la propagande efficace qui avait lancé les poilus de 14 au combat, la fleur au bout du fusil, sûrs de rentrer chez eux vainqueurs six mois plus tard ! - Le dialogue qui s’ensuit entre Bardamu et Ganate ressemble aussi aux paris fous de l’enfance : « J’vais voir si c’est ainsi ! ». On croirait entendre un enfant dire : « chiche que je peux le faire ! ». - Mais la désillusion arrive bien vite et le bel enthousiasme retombe en même temps que la pluie : « Et puis il s’est mis à y en avoir moins de patriotes … La pluie est tombée ». Les segments de la phrase qui se raccourcissent miment la désertion du bon peuple en liesse pour fêter les soldats : « et puis plus du tout d’encouragements, plus un seul, sur la route ». Le piège se referme sur Bardamu : « On était faits, comme des rats ». La farce vire à la prise d’otages : « c’est plus drôle ! ». Cette scène d’enrôlement volontaire, sous le coup d’une bouffée d’héroïsme et d’enthousiasme puérils, tourne à la mauvaise farce. La versatilité dans les attitudes de Bardamu va lui coûter cher et Céline va le faire savoir dans un langage bien à lui !
II) La charge du langage : un discours virulent et antibourgeois A) Les attaques contre les valeurs traditionnelles - Ce qui revient à plusieurs reprises dans cet incipit, c’est le constat : « Rien n’est changé en vérité […] Et ça n’est pas nouveau non plus […] Nous ne changeons pas ». Le monde est figé, la situation est désespérée : « C’est pas une vie ! ». Les gens, la politique, la guerre, le travail, la race française,