Villegle
Il se définit comme un artiste non producteur, un ravisseur d’affiche, un réveleur de traces de civilisations. Il s’est mis au service du « lacéré anonyme » dont il prélève avec un minimum d’intervention, la production sur les murs de Paris.
Il prône l’effacement de l’artiste au profit de l’expression spontanée de la rue, notion d’anonymat
. Il n’empêche qu’il choisit « ses » affiches, leur format, qu’il décide de leur cadrage. Il a compris qu’avec l’affiche tout le monde travaillerait pour lui. Les typographes chercheraient de nouvelles formes de typographie, les chromistes de nouvelles couleurs. Les affiches des années 50 qui étaient dans le métro avaient des bleus un peu gris, des jaunes pas très citronnés. On a vu ensuite apparaître les couleurs électriques, les couleurs fluorescentes. Et puis les sujets, les slogans, les mots ont changé. Il s’est dit dès le début qu’il fallait qu’il maintienne comme règle du jeu celle du prélèvement et rien d’autre.
À une époque, il estimait que ses décollages devraient inciter le passant à en faire de même plutôt que de les acheter en galerie. Mise entre parenthèse de l’artiste qui coïncide avec l’opinion du musicien américain John Cage : « La musique est partout autour de nous… Il n’y aurait nul besoin de salles de concerts si l’homme pouvait apprécier les sons qui l’enveloppent par exemple au coin de la 7e rue et de Broadway… ».
L’originalité de Villeglé est de faire de grandes peintures abstraites sans toucher un pinceau. On ne peut tout à fait les dire abstraites, tant le papier, les couleurs, font partie avec la déchirure ddupaysage urbain. Par contre l’extension du répertoire formel de l’affiche lacérée