Dans Le Dernier Jour d’un condamné, il y a une opposition entre le passé et le présent du protagoniste. En effet, avant sa sentence, le condamné était un homme libre et insouciant. Il n’avait pas de problème et menait une vie faite de plaisirs et d’amusements que sa classe sociale supérieure lui permettait. Quand il songe à son passé, il écrit : «C’était des jeunes filles en fleur, de splendides chapes d’évêque, des batailles gagnées, des théâtres pleins de bruit et de lumière […]» (p. 11). Cette énumération de noms, «filles», «évêque», «batailles», accompagnés d’adjectifs mélioratifs tels que «jeunes, «splendides», «gagnées», met l’accent sur la grande quantité de plaisirs que le protagoniste pouvait s’offrir et des rêves qu’il nourrissait alors de devenir quelqu’un d’important, en faisant carrière dans l’Église ou dans l’armée. Il envisageait alors l’avenir avec confiance. Par contre, lorsque la sentence est prononcée et qu’il est condamné à mourir, le personnage principal est tourmenté par une seule et unique pensée : sa mort inéluctable. Désormais, son esprit est obsédé par l’idée de la mort et il n’a plus le loisir de penser à autre chose. Il l’explique ainsi :
Mon corps est aux fers dans un cachot, mon esprit est en prison dans une idée. Une horrible, une sanglante, une implacable idée! Je n’ai plus qu’une pensée, qu’une conviction, qu’une certitude : condamné à mort! (p. 11)
La métaphore «mon esprit est en prison dans un cachot» vient appuyer le fait que tout comme son corps, qui ne peut sortir de la cellule où il est enfermé, son esprit n’est plus libre de penser à ce qu’il veut et il est donc réduit à ruminer l’idée de sa mort, inlassablement. Bref, la sentence de mort représente le moment charnière où la vie du condamné bascule : il laisse derrière lui une vie de bonheur et s’apprête à vivre avec angoisse les quelques semaines qu’il lui reste à