Utopie Godin
Jean-Baptiste Godin dénonce dans Solutions sociales les limites de la solution mise en place dans le cadre des cités ouvrières de Mulhouse qui sont à l’honneur lors de l’exposition universelle de 1867 et qui ont la faveur des autorités du Second Empire. Ces cités combinent l’idéal de la petite maison, de la propriété du logement et de la moralisation de la famille ouvrière par son isolement. Au contraire, les choix préconisés dans le cadre du familistère de Guise, construit à partir de 1859, sont de favoriser la vie collective des familles, de prendre en charge l’organisation des relations sociales, d’exalter le travail ouvrier et les vertus de l’enseignement et de la culture. Le Familistère constitue pour Godin une étape préparatoire à l’association.
« Malgré ces obstacles, j’ai pu élever le premier palais au travail, le Palais social, et préparer les dispositions nécessaires à l’association intégrale parmi les hommes. J’ai pu rassembler les éléments qui doivent concourir à la répartition équitable des fruits de la production entre le travail, la capacité et le capital », écrit-il dans Solutions sociales en 1871.
En 1877, la fin du procès en séparation avec sa femme Esther Lemaire met Godin en mesure de donner cours à son projet alors même que la question de l’avenir du Familistère se pose de façon plus pressante. Le 13 août 1880, l’Association coopérative du capital et du travail, Société du Familistère Godin & Cie, est fondée légalement, aboutissement de l’œuvre de Godin et garantie de sa pérennité.
Les buts de l’Association, constituée pour 99 ans, sont économiques: l’organisation de la solidarité entre ses membres, l’appropriation du capital par les travailleurs. Ils sont plus généralement, et comme par voie de conséquence, culturels et politiques : offrir les conditions durables de l’émancipation des classes populaires et régler l’exercice de la démocratie sociale à l’échelle de la communauté familistérienne. Les statuts rédigés par Godin