Une botte de thérese raquin
Oisifs autour d’une tasse de café odorant, dans ce parc ensoleillé au centre de Casablanca, par cette belle journée de printemps, nous évoquâmes la mort de nos pères. Et si je dis la mort, je mens encore, je m’avance imprudent. Disparition ne vaut pas mort, même si c’est pire. Du mien les pas s’en allèrent un jour, le petit garçon en fut témoin. Je le racontai, mes commensaux hochèrent la tête. On se comprend. L’époque Oufkir ! De telles choses eurent lieu, et d’autres encore, …afficher plus de contenu…
Bref, les années passent, j’ai les mains calleuses et la voix rêche. Le jour même de mes dix-huit ans, nous sommes en train de finir un couscous, lorsque, tout à coup, crissements de frein devant la porte, des portières claquent, quelques jurons étouffés…Nous sortons voir de quoi il retourne. Nous avons à peine le temps d’apercevoir la Jeep qui disparaît au coin de la rue. Debout dans le caniveau, un peu voûté, un homme vêtu d’une espèce de combinaison bleue nous regarde, …afficher plus de contenu…
On n’est pas loin de la prétérition, puisqu’il s’agit d’une stratégie de mettre en saillie des éléments du récit prétendument omis. D’ailleurs, le narrateur ne tardera pas à exprimer la même stratégie – une prétérition- en parlant du père « je ne vous cèle pas les défauts du géniteur». Tout l’intérêt de cette stratégie réside dans cette tension entre le dit et le non-dit. Le narrateur combine avec pénétration la mise en valeur des passages clés de sa narration et l’art de les taire. En multipliant les interrogations tout en s’abstenant de donner des réponses qui compromettent son projet d’écriture, il rend ces moments de silence plus significatifs. Par ailleurs, s’il y a un moment qui surprend le lecteur par son silence absolu dans cette nouvelle c’est bien la