Évaluation sur germinal
Etienne Lantier, âgé de vingt ans, vient de se faire embaucher dans une mine de charbon. A 554 mètres de profondeur, sous une température de 35 degrés, il doit remplir des berlines (bennes) de charbon et pousser sur les rails une masse de 700 kilos. Catherine Maheu, âgée de quinze an, est chargée du même travail et lui montre comment faire. Au moment de la pause, Etienne se fait insulter par Chaval, un mineur brutal et jaloux… Le jeune homme évitait de répondre, trop heureux jusque-là d'avoir trouvé ce travail de bagne, acceptant la brutale hiérarchie du manœuvre* et du maître ouvrier. Mais il n'allait plus, les pieds en sang, les membres tordus de crampes atroces, le tronc serré dans une ceinture de fer. Heureusement, il était dix heures, le chantier se décida à déjeuner.
Maheu avait une montre qu'il ne regarda même pas. Au fond de cette nuit sans astres, jamais il ne se trompait de cinq minutes. Tous remirent leur chemise et leur veste. Puis, descendus de la taille*, ils s'accroupirent, les coudes aux flancs, les fesses sur leurs talons, dans cette posture si habituelle aux mineurs, qu'ils la gardent même hors de la mine, sans éprouver le besoin d'un pavé ou d'une poutre pour s'asseoir. Et chacun, ayant sorti son briquet*, mordait gravement à l'épaisse tranche, en lâchant de rares paroles sur le travail de la matinée. Catherine, demeurée debout, finit par rejoindre Étienne, qui s'était allongé plus loin, en travers des rails, le dos contre les bois. Il y avait là une place à peu près sèche.
- Tu ne manges pas ? demanda-t-elle, la bouche pleine, son briquet à la main.
Puis, elle se rappela ce garçon errant dans la nuit, sans un sou, sans un morceau de pain peut-être.
- Veux-tu partager avec moi ?
Et, comme il refusait, en jurant qu'il n'avait pas faim, la voix tremblante du déchirement de son estomac, elle continua gaiement :
- Ah ! si tu es dégoûté !... Mais, tiens ! je n'ai mordu que de ce côté-ci, je vais te