Une société basée les valeurs humanitaires
Un piège sans fin de mettre en lumière par la lecture goldmannienne de la déshumanisation de l’élément corporel les conceptions du sociologue de la littérature sur le tragique social africain qui sont toujours d’actualité. En effet, assure Aneurin Bevan dans Tito nous donne une leçon,
« dans le monde d'aujourd'hui, ce n'est pas le corps des hommes mais leur esprit qui est l'enjeu de la lutte politique »307. Ces romans donnent donc une autre dimension de l’angoisse et de la fatalité sociale inscrite dans l’être des personnages. Héros de l’expiation, Ahouna et
Koudjègan, le sorcier Djessou, le vendeur de journaux Ségué nDi Aplika vivent le tragique destin du personnage problématique poursuivi par des forces vengeresses auxquelles ils ne peuvent échapper, ni par ruse ni par la résignation. « On comprend maintenant plus facilement ce qu’est le monde pour la conscience tragique -Précise L. Goldmann. On pourrait le dire en deux mots : rien et tout en même temps »308. Ils sont tourmentés par la poésie d’une jeunesse d’abord paradisiaque ou « l’évocation des verts paradis de l’enfance au village, comme le dévoile D. Coussy, célèbre jusqu’à satiété l’innocence, la joie, l’insouciance, et la liberté de ces jeunes vies sans entraves (…) Chasse, cueillette, chapardage, luttes amicales, surveillance des troupeaux, jeux, baignades, toutes ces contraintes légères semblent être des plaisirs, à peine des devoirs qui s’inscrivent tout naturellement dans les activités très codifiées de la communauté »309. Affligés de souffrance, de marginalisation mais sensibles aux beautés et aux luminosités de la nature sans pour autant fermer les yeux sur le monde cupide et méchant dans lequel ils vivent et duquel ils perpétuent la froideur sociale. Ils penseront que
« les responsables de nos malheurs, ce sont les politiciens futiles, faiseurs de et prévaricateurs que nous nous sommes donnés ;