Une mort très douce
(1964)
Biographie
Mené un peu à la manière d'un constat, ce récit relate les circonstances de la mort de la mère de Simone de Beauvoir. Nous connaissions Mme de Beauvoir depuis ‘’Mémoires d'une jeune .fille rangée’’, et certes ce portrait peu flatté méritait d'être quelque peu retouché. En octobre 1963, Mme de Beauvoir fit une mauvaise chute dans son appartement ; elle était seule, et ne réussit à atteindre le téléphone qu'au bout de deux heures. Sa fille, Simone, était alors à Rome. Rappelée d'urgence, elle retrouva sa mère que l'on avait transportée à l'hôpital Boucicaut, et obtint un transfert en clinique. Apparemment, il ne s'agissait de rien de bien grave : une rupture du col du fémur. Mme de Beauvoir avait soixante-dix-huit ans, mais était encore pleine de vitalité et très résistante. Aussi sa fille ne s'inquièta-t-elle pas outre mesure. Cependant, des ennuis d'origine stomacale poussèrent les médecins à radiographier la malade. Le diagnostic fut implacable : une tumeur bloquait l'intestin grêle, il s'agissait d'un cancer. La vieille dame fut immédiatement opérée, et le cauchemar commença : « J'entrais dans une autre histoire : au lieu d'une convalescence, une agonie. » On avait fait croire à l'opérée qu'il s'agissait d'une péritonite ; le mensonge commença, s'installa, régna en maître. Voici la vieille dame clouée à son lit, retenue des mille liens du goutte-à-goutte, des sondes, qui la nourrissaient et la rattachaient à une vie précaire ; la maladie apporta son cortège d'humiliations, et l'autrice, impuissante et désespérée, assista à cette progression inéluctable. De jour en jour, le mal se fit plus menaçant: des métastases se produisirent dans tout l'organisme surmené, L'autrice passa toutes ses nuits au chevet de sa mère. D'étranges rémissions se produisirent, la vitalité de M me de Beauvoir prenant le pas sur la mort. Et puis, ce fut la fin, attendue et cependant inconcevable. Ainsi Simone de Beauvoir nous détailla-t-elle