Rapport
Liaisons dangereuses, les [Choderlos de Laclos], roman épistolaire de Choderlos de Laclos, publié en 1782.
Capitaine d’artillerie, Choderlos de Laclos rime des vers légers à ses heures de loisirs. En 1779, il déclare à un ami : « Je résolus de faire un ouvrage qui sortît de la route ordinaire, qui fît du bruit et qui retentît encore sur la terre quand j’y aurais passé ». Le succès des Liaisons dangereuses est immédiat — neuf éditions en 1782, année de la publication, dont sept contrefaçons —, le scandale aussi, les autorités militaires sanctionnant Laclos, les gouvernements interdisant la vente de l’ouvrage pour immoralité. En 1865, on continuait encore à condamner des libraires pour la publication de ce livre.
Les Liaisons dangereuses, roman par lettres, entrecroise plusieurs intrigues dans lesquelles sont mis en œuvre tous les ressorts du libertinage. Le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil, anciens amants restés complices, s’associent pour conduire une jeune fille et une femme mûre à céder aux avances de Valmont. Fille d’une amie de Mme de Merteuil, Cécile Volanges est la victime d’une vengeance de cette dernière. Ce n’est pas en effet dans les bras de celui qu’elle aime, mais dans ceux de Valmont qu’elle perdra sa vertu. Mme de Tourvel, femme mariée et âme pure, est la victime d’une seconde machination. Après une longue résistance — décrite avec une acuité remarquable par Laclos — aux avances calculées de Valmont, elle finit elle aussi par s’abandonner, mais presque en vain, car à peine l’a-t-il possédée qu’elle perd pour lui tout attrait.
Entre l’analyse lucide et minutieuse des passions et l’amertume face à leurs limites, Laclos retrouve le ton des moralistes du xviie siècle. Il réussit, malgré la diversité des voix qui s’expriment dans ces