Une analyse américaine de la situation en asie dans les années 1960
« Vers la même époque [1964], nous avons reçu un texte de la Commission des synthèses nationales de la CIA. Il répondait à une question que le président avait posée quelques jours plus tôt sur les probabilités d'un effet « domino » en Asie orientale en cas de chute du Sud-Vietnam et du Laos. [Suit l'extrait de la note de la CIA :] « La perte du Sud-Vietnam et du Laos au profit des communistes détériorerait gravement la position américaine en Extrême-Orient, tout spécialement parce que les États-Unis se sont engagés depuis longtemps, énergiquement et publiquement, à empêcher une prise du pouvoir communiste dans ces deux pays. L'échec ici serait dommageable au prestige américain et saperait sérieusement la crédibilité de la volonté et de la capacité des États-Unis à contenir l'expansion du communisme ailleurs dans la région. Nos ennemis seraient encouragés, et on verrait croître dans d'autres États la tendance à s'orienter vers un accommodement plus marqué avec les communistes. […] Outre la joie immédiate du Nord-Vietnam d'avoir accompli ses objectifs nationaux, l'effet principal concernerait la Chine communiste, à la fois en stimulant sa confiance en soi déjà remarquable et en augmentant son prestige en tant que leader du communisme mondial. Pékin a déjà commencé à présenter dans sa propagande le Sud-Vietnam comme une preuve de ses thèses : le monde sous-développé est mûr pour la révolution, les États-Unis sont un tigre de papier et une insurrection locale peut être menée jusqu'à la victoire sans trop de risques de précipiter une guerre internationale majeure. L'issue au Sud-Vietnam et au Laos soutiendrait de façon tout à fait manifeste les conseils tactiques agressifs de Pékin en ce qu'ils s'opposent aux positions plus prudentes de l'URSS. Jusqu'à un certain point, ce phénomène tendra à encourager et à renforcer les mouvements révolutionnaires plus militants dans diverses régions du monde